26 novembre 2014

Newsletter # 14 - Malargüe à San Martin De Los Andes

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Quand on planifie un voyage de cette ampleur, on se prépare des mois à l’avance en lisant plusieurs blogues et récits de voyages qui nous servent d’inspiration. Évidemment, chacun raconte à sa façon les mille et une péripéties d’une telle aventure donnant ses impressions de telle ville, telle route, ou son avis sur les gens du pays, les coutumes, etc. Un tas de facteurs peuvent influencer la perception que l’on a des choses: nos goûts personnels, notre humeur du moment, la saison où l’on voyage, le temps qu’il fait, les rencontres agréables ou pas. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas se fier aveuglément aux récits des autres pour choisir une route ou une destination plutôt qu’une autre, et surtout, ne pas juger sur les impressions de seulement quelques personnes! En effet, si nous avions écouté les avis de certains, nous aurions carrément évité la Ruta 40 après Cafayate. Pourtant, maintenant que nous avons parcourus plus de 2 000 kilomètres sur cette route, nous pouvons vous donner NOS impressions: fantastique, tout simplement! 

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Le segment à partir de Malargüe jusqu’à Chos Malal ne fait que confirmer notre plaisir. En effet, nous y avons traversé la Payunie, une région où se dressent plus de 800 cônes volcaniques, ce qui en fait la plus grande concentration de volcans au monde, rien de moins! (Pour plus de détails scientifiques, voir http://www.volcansdumonde.com/article-payunia-71814898.html)
De Malargüe, la route monte progressivement, parfois en lacets, avec vue à couper le souffle, puis ça ondule entre les volcans, les champs de lave et les plaines parsemées de débris volcaniques. Fascinant! 

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De plus, le bitume en parfait état nous ravit. Quel plaisir de rouler en douceur! Mais à l’arrivée à Bardas Blancas après une journée parfaite, voilà que nous apprenons qu’il y a un segment de la route en gravier sur à peu près 30 km, nous dit-on, donc on peut s’attendre à des conditions difficiles…On verra bien. Nous dormons dans un camping rudimentaire, où on nous suggère d’installer la tente sous un toit, car des nuages noirs s’accumulent et le vent s’est levé. Mais juste à côté, il y a les énormes barbecues qu’utilisent les Argentins pour cuire leur viande…et vers 20h30, un groupe d’hommes décident de préparer leur « cena » du soir, des grillades de chèvre! Nous étions sur le point d’aller au dodo! Charles leur explique notre situation et bien gentiment, ils font attention de ne pas faire trop de bruit. Ils quittent vers 22 hres…puis ce sont les coqs à quelques mètres de nous qui troublent notre nuit à partir de 4 hres! Mais un des signes démontrant que nous nous adaptons à l’Amérique du Sud, c’est que nous arrivons à nous rendormir après chaque chant de coq! 

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Le lendemain, nous atteignons finalement le segment non asphalté et en effet, ce ne sera pas facile: gros gravier, roches, sable et poussière sont au menu! Nous devons inspirer la pitié car un camionneur s’arrête et nous offre 2 grosses bouteilles de jus froid. Il voudrait bien nous embarquer dit-il, mais il n’a plus de place dans son énorme camion. Nous parvenons finalement à franchir les premiers 18 km en nous faisant brasser la carcasse pas à peu près, puis au moment où nous décidons de chercher un bivouac, une camionnette stoppe et le chauffeur, un des travailleurs de la route, nous dit d’être prudents car un convoi de camions à chargement large va passer d’ici une heure. Il nous apprend aussi qu’en fait, il nous reste non pas 12 km mais 22 km de gravier devant nous, puis il repart. Notre air dépité a dû lui inspirer la pitié car après une centaine de mètres, le voilà qui recule et nous offre de nous embarquer pour nous amener au début de l’asphalte! Notre réponse a été un « Si! Si! » parfaitement synchronisé! En deux temps trois mouvements, nous sommes à bord. Cependant Patricio, notre bon Samaritain, roule à un train d’enfer. Denise assise derrière, jette un oeil inquiet sur les
vélos et les sacoches qui se font brasser dans la boite arrière. Notre homme prend plaisir à nous donner plein de détails sur la région, tout ça en faisant de grands gestes et en regardant partout, sauf la route en avant! En à peine 15 minutes, nous voilà rendus 22 km plus loin, où l’asphalte réapparait. Ouf! Ça nous aurait pris au moins 3 heures sinon plus pour franchir cette zone…Nous pédalons quelques kilomètres de plus sur le bitume avant d’apercevoir un lac magnifique, la Laguna Nueva,  avec vue saisissante sur un volcan, le Payun. Pour couronner le tout, nous trouvons un endroit parfait pour bivouaquer. Certaines journées difficiles se terminent plutôt bien.

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Nous roulons ensuite deux autres jours, sous une chaleur intense, toujours dans des paysages volcaniques à couper le souffle, avant de rejoindre Chos Malal où nous décidons de prendre un jour de repos. Les jambes ont été mises à rude épreuve encore une fois, car les pentes étaient nombreuses et longues! De notre séjour à Chos Malal, nous retenons surtout la difficulté à trouver des restaurants ouverts! Nous sommes là un dimanche et on dirait que toute vie s’est arrêtée et que tout le monde a pris congé. Le seul endroit où trouver de la bouffe préparée est une station service. On est loin de la gastronomie, mais il faut bien manger. Cette adaptation aux us et coutumes des Argentins n’est pas complètement faite, avouons-le. Un estomac de cycliste, ça aime avoir accès à la nourriture en tout temps et faire des provisions n’est pas facile avec les heures d’ouverture aléatoires des commerces.  

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Nous reprenons la route 40 sous un soleil radieux, la jambe bien reposée, pour une autre journée parfaite, du moins jusqu'à ce que le vent se mette à souffler d’aplomb fin d’après-midi. Tant pis, nous nous arrêtons et pensons bivouaquer près d’un rio asséché sous de gros arbres, mais le vent s’amplifie et impossible de planter la tente  à cet endroit sans risquer d’être emportés! Pas très loin, il y a des maisons en ruines où nous nous mettons à l’abri pour cuisiner notre souper. Juste à côté, nous voyons des bâtiments ressemblant à une école, mais tout est clôturé et cadenassé. Nous y voyons une possibilité de campement à l’abri du vent mais nous hésitons à franchir la clôture, jusqu’à ce qu’une auto s’arrête et le gars qui en descend nous salue. Et hasard des hasards, il travaille pour cette école d’horticulture (eh! oui! c’était bien une école!). Il nous dit qu’il n’y a pas de problème à ce que nous campions sur le terrain derrière les bâtiments, bien à l’abri du vent. Et voilà! C’est réglé! Nous passerons une excellente nuit au calme, et à 6 heures, nous retournons préparer le déjeuner dans notre vieille maison abandonnée avant de repartir tout contents.

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Le plaisir va devenir peu à peu souffrance à mesure qu’Éole se déchaine. En effet, nous venons d’entrer en Patagonie. Cette région mythique est célèbre pour la force de ses vents. Ce sera notre baptême aujourd’hui! Nous nous relayons tant bien que mal pour avancer, comme des tortues, grugeant les kilomètres peu à peu. Le vent nous pousse de côté, brutalement, en rafales imprévisibles, nous jetant parfois carrément sur la route. Heureusement qu’il n’y a pas trop de circulation car c’est dangereux. Nous parvenons de peine et de misère à Las Lajas où nous trouvons un camping agréable, en espérant que le vent se calme. Nous y sommes seuls, car la saison commence à peine. Quand Denise a finalement réussi à préparer son omelette, assaisonnée d’un peu de poussière, la jeune fille du camping vient nous offrir de nous mettre à l’abri dans le bâtiment à l’entrée. Il aurait fallu nous le dire avant! Mais l’omelette était délicieuse, dit Charles. (crounche! crounche!) 


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Nous aurons finalement eu un peu de répit pendant la nuit, si bien que nous repartons en forme pour affronter les montées qui nous attendent. Nous avons décidé de laisser un temps la Ruta 40 pour nous rapprocher des montagnes à l’ouest en direction du Chili avant de redescendre au sud vers la région des lacs. Les premiers 50 kilomètres montent lentement mais sûrement, avec parfois des gradients à 7 ou 8 %, tout ça avec un vent de face certes un peu moins fort que la veille, mais tout de même, ça vient vous chercher l’énergie c’est pas long! Si bien qu’après 47 km, quand nous apercevons un endroit parfait pour un bivouac en bordure d’une forêt d’araucarias, c’est vite décidé, c’est là que nous passerons la nuit. Le paysage a changé de façon spectaculaire à mesure que nous sommes montés. De grands conifères (les araucarias) aux allures d’arbres préhistoriques se dressent sur des falaises vertigineuses et les sommets enneigés nous entourent. Le vert est devenu la couleur dominante et des rivières cascadantes coulent au fond des vallées. Nous sommes ravis du changement de décor!

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Le lendemain, toutefois, un autre changement drastique beaucoup moins agréable nous surprend: la température a chuté à 3 degrés. Denise la frileuse du couple, grelotte en prenant son café. La vie sur la route a ses hauts et ses bas, c’est le cas de le dire! Changement de vêtements donc: on ressort les pantalons et les blousons pour affronter le petit vent andin glacial qui va nous souffler au visage toute la journée. Pour ajouter au niveau de difficulté, nous empruntons maintenant une route de montagne en gravier, parfois sablonneuse, souvent bosselée de cailloux, mais point positif au moins, ça descend plus que ça monte! La beauté du paysage nous récompense toutefois de l’effort fourni, encore une fois.

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En fin de journée, nous arrivons à l’intersection de la route vers Villa Pehuania. Nous décidons de nous y rendre, même si cela représente un petit détour de 22 km aller-retour, car des nuages menaçants se sont amoncelés dans le ciel et nous espérons louer une petite « cabana » pour la journée de congé prévue.  Excellente décision, car le village est absolument superbe, lové au bord du lac Alumine, et le lendemain, c’est le bruit de la pluie tambourinant sur le toit qui nous réveille.


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Quand nous repartons de Villa Pehuania, le beau temps est revenu mais pas la chaleur. La route non asphaltée nous met à l’épreuve encore une fois, sur une vingtaine de kilomètres, caillouteuse, planche-à-laver, sablonneuse, la totale quoi! Nous retrouvons le bitume quelques kilomètres avant Alumine où nous stoppons pour un petit remontant (lire café et pâtisserie). En entrant dans le village, Denise fait une chute spectaculaire avec son vélo, en montant une petite pente raide en gravier. Charles dit l’avoir vu partir comme au ralenti, les 4 fers en l’air! Denise se relève, un peu secouée mais sans blessure apparente, seulement quelques bleus de plus et une petite blessure à l’orgueil, peut-être…


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Notre collation hautement calorique sera vite dépensée car la route redevient piste caillouteuse et poussiéreuse par bouts, alternant avec un peu d’asphalte, avec montées et descentes, tout ça à travers des paysages encore une fois superbes, heureusement. Ce soir, c’est au bord de la route près d’une rivière bordée de gros massifs de lupins que nous dressons la tente. Cette nuit-là, les quelques conducteurs qui sont passé ont sûrement entendu des ronflements bizarres venant de notre bivouac!

Le lendemain, c’est 73 kilomètres de route de montagne en gravier qui nous attend. En effet, nous grimpons en longs lacets, vent dans le dos, puis vent de face, pendant ce qui nous parait une éternité. Évidemment, le vent s’amplifie à mesure que la journée avance (n’oubliez pas, nous sommes maintenant en Patagonie!) Tout à coup, sans crier gare, le ciel se met à nous cracher au visage une petite pluie froide et cinglante, nous laissant à peine le temps de revêtir nos impers. Comme si ce n’était pas assez difficile comme ça! Haut les coeurs, il faut aller puiser bien loin pour trouver l’énergie de continuer malgré les éléments déchainés!


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Finalement, les nuages s’estompent en fin de journée mais pas le vent. Denise grelotte et commence à rêver à un bon petit coin douillet où pouvoir dormir au chaud, mais nous sommes au milieu de nulle part. Nous continuons à descendre jusqu’à une rivière car il nous faut de l’eau pour le bivouac. Tout à coup, petit miracle pour cyclistes fatigués, nous apercevons des gens sous des arbres près de l’eau, qui nous font signe. C’est une famille de pêcheurs qui s’apprêtent à quitter les lieux et ils nous invitent à nous réchauffer auprès du feu de camp qu’ils ont allumé! Pas besoin de vous dire qu’on a dit oui! Avant de partir, le chef de famille brise plusieurs branches et nous approvisionne généreusement en bois pour la soirée. Le bonheur!

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Nous avons pédalé une autre journée ardue, face au vent patagonien, avant d’arriver ici à San Martin de los Andes où nous prenons des vacances du vélo pour quelques jours, dans une confortable petite « cabana ». Au menu: les tâches habituelles, un peu de tourisme car le village est charmant, et surtout, du repos! 

La suite promet encore de belles aventures dans des décors qu’on dit « de carte postale », car nous roulerons sur la Ruta de Siete Lagos (la route des Sept Lacs). À venir: camping, route de gravier (eh! oui! encore!) alternant avec le bitume, lacs et montagnes, sur une centaine de kilomètres!

À suivre…

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11 novembre 2014

Newsletter no. 13 - Mendoza à Malargüe

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Mendoza nous a plu. Après toute cette chaleur et ces espaces désertiques, se retrouver sous un dense couvert d’arbres dans une ville, ça a du charme. En effet, à Mendoza, toutes les rues ou presque sont bordées par de grands arbres et de nombreuses fontaines rafraichissent les beaux parcs. Il fait bon prendre le temps sur les terrasses des nombreux cafés et restaurants, flâner sur la rue piétonnière Sarmiento, faire du lèche-vitrine sur Las Heras. Ambiance détendue, gens sympathiques, Mendoza n’est pas facile à quitter après 3 jours, mais la route du sud nous appelle! 

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Cependant, une ville reste une ville et y entrer ou en sortir à vélo comporte son lot de difficulté. C’est ainsi que nous nous retrouvons d’abord sur une voie rapide où nous frôlons la mort à quelques reprises (bon! j’exagère peut-être un peu mais c’est drôlement stressant. Finalement, Charles trouve une alternative grâce au GPS, par la vieille route 40, toute calme, ombragée, à travers d’immenses vignobles, bordée à l’ouest par la «precordillera» des Andes avec des sommets enneigés. Nous roulons beaucoup plus détendus jusqu’au retour sur l’autoroute, mais cette fois, un immense accotement asphalté nous rassure et on file plein sud. Fin d’après-midi, nous trouvons un camping à demi ouvert un peu après Tunuyan et pour la première fois, nous payons pour camper mais il y a douche chaude et toilettes qui fonctionnent! Un concert de grenouilles dans le petit lac à côté nous bercera toute la nuit…


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Nous décidons ensuite de faire un détour par San Rafael, parce qu’on nous dit que le tronçon de la Ruta 40 entre Paretidas et El Sosneado est en gravier et en très mauvais état. Mais, surtout, il nous faut prévoir une étape avec accès à internet pour régler certains problèmes de matériel que nous devons commander. Alors, nous nous retrouvons sur la route 143, en direction de San Rafael, un peu plus à l’est, pour une centaine de kilomètres à travers une zone désertique. Ça grimpe progressivement une bonne partie de la journée et le soleil brille de tous ses feux ce qui fait aussi monter la température!  Le paysage devient peu à peu monotone…
Fin d’après-midi, au moment de trouver un espace pour camper, nous voilà confrontés aux fameuses clôtures argentines. En effet, de chaque côté de la route, à environ 30 ou 40 mètres du bord, d’interminables clôtures se dressent, seulement interrompues ça et là par des barrières cadenassées à double tour avec affiche « Propriedad privada »!  Quand nous apercevons finalement une maison pas très loin de la route, nous décidons de demander la permission de camper quelque part. De la barrière, Charles fait signe à un homme dans la cour, mais celui-ci hésite, puis nous ignore complètement! Décontenancés, nous allons de l’autre côté du chemin, à l’écurie, où un jeune homme timide nous dit que nous pouvons camper au bord de la rivière près du pont que nous venons de franchir. Mais vérification faite, il n’y a que de grands espaces en sable, et aucune ombre. De plus, nous remarquons que même dans le lit de la rivière asséchée, des clôtures nous empêchent d’accéder aux terrains où quelques buissons nous permettraient au moins de nous abriter un peu du soleil qui tape fort. Finalement, nous poursuivons la route, dans l’espoir de dénicher un site ombragé quelque part. 


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Heureusement pour nous, le vent est favorable et la route descend légèrement, ça file donc sans problème, si bien que ne trouvant aucun endroit accessible, nous décidons de nous rendre à San Rafael, ce qui mettra 157 km au compteur pour la journée! Un record pour nous! Nous arrivons en ville vers 20 heures, par une piste cyclable de 12 km. Comme nous stoppons pour consulter le guide afin de trouver un hôtel, une dame nous aborde et nous propose la location d’une « cabana », c’est-à-dire, chambre, salon, salle de bain,cuisine équipée, patio privé, et tout ça pour le prix d’une chambre d’hôtel moyenne. Très sympathique, Alicia nous installe en moins de deux dans un mini chez nous! Nous sommes ravis de pouvoir nous reposer ici une journée complète, car, oui, nous méritons une petite pause après cette distance record. 

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Journée de congé pour nous, rime avec corvées plutôt terre-à-terre, comme faire un peu de lavage, faire le marché, entretenir les vélos et le matériel. Il faut aussi trier les photos, répondre aux courriels, planifier l’itinéraire, donc ça passe vite! Nous repartons par la route 144, direction sud-ouest pour rejoindre de nouveau la fameuse Ruta 40. Il faut d’abord franchir la Cuesta de Los Terneros, où la route déroule ses lacets entre des falaises colorées. Au sommet, la vue sur San Rafael au loin se noie dans une brume de chaleur. Par la suite, c’est la descente vers la pampa, longue plaine aux allures de désert. De nouveau, nous roulons dans un espèce de corridor clôturé. Nous remarquons bien quelques habitations ici et là, dans un bouquet d’arbres, mais elles sont toujours très éloignées de la route. 

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Milieu d’après-midi, nous voyons droit devant nous de gros nuages menaçants…et des éclairs zèbrent le ciel. Échapperons-nous à l’orage? Rien que l’immensité autour de nous! Juste au moment où les gouttes de pluie se font de plus en plus insistantes, nous apercevons un petit abri de ciment avec un grand graffiti disant « Ven Jesus te ama » (Viens, Jésus t’aime)! Nan! rien de surnaturel, juste un de ces hasards extraordinaires, un petit abri-bus à l’intersection de la Ruta 40 et le la route 144, qui nous sauve de justesse d’une méchante averse. Ça tombe dru pendant presqu’une heure et le tonnerre résonne à faire trembler notre abri, mais nous restons au sec, dieu merci! Le soleil revient presqu’aussitôt après l’orage et hop! on reprend la route.
Vers la fin de la journée, encore une fois, c’est la quête pour un espace où piquer la tente, autant que possible à l’abri du vent qui souffle de plus en plus fort, et avec un peu d’ombre pour nous empêcher de cuire au soleil. Nous tentons de nouveau le coup à une barrière où pour une fois, la maison n’est pas très loin. L’homme à qui Charles s’adresse semble bel et bien nous voir, mais il continue à vaquer à ses occupations et malgré nos signes répétés, rien à faire, il ne daigne même pas nous saluer! Dépités, nous continuons encore un bout avant de nous résoudre à dresser le camp près de la clôture, dans un petit fossé nous cachant tant bien que mal à la vue des automobilistes. Nous arrimons solidement la tente avec de grosses roches et…le vent tombe complètement! Bon! au moins quelque chose de positif…En fait, nous passerons finalement une nuit très calme car la circulation sur cette route désertique est plutôt rare la nuit.


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Levés au petit matin, au sortir de la tente, nous apercevons un «gaucho» à cheval qui longe la clôture de l’extérieur, dans notre direction. Denise sort son plus beau sourire et dans son meilleur espagnol, elle salue le bonhomme, qui reste de marbre, marmonne bien un « Hòla! » mais sans plus, avec une mine du genre, « Vous avez affaire à décoller d’ici »! Nous prenons quand même le temps de préparer le petit déjeuner et nous partons tranquillement en direction de Malargüe, notre objectif de la journée. 

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Nous voyons les montagnes se rapprocher progressivement à mesure que la route monte en direction sud-ouest. Arrivés à Sosneado, où la Ruta 40 bifurque plein sud, nous stoppons à un « Minimercado » où de délicieuses « empanadas » nous attendent. Pendant que nous pique-niquons, un groupe de touristes argentins débarqués de leur bus s’approchent de nous. Certains se prennent en photo à tour de rôle avec les vélos! D’autres nous font la
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conversation, nous questionnant sur nos impressions de l’Argentine. Quand nous avouons être plutôt déconcertés par l’accueil froid des gens de la pampa, ces citadins venant de Rosario, nous expliquent que la situation économique catastrophique de leur pays a accru la criminalité et les gens des campagnes ont tout simplement peur! Eh! bien! Ce n’est pas la première fois qu’on nous prévient contre d’éventuels dangers. Quand nous sommes arrivés à Mendoza, deux femmes nous ont convaincu de changer d’itinéraire car selon elle, nous « allions entrer dans un quartier dangereux où on volait les étrangers »! Et en plein coeur de Mendoza, alors que je photographie la cathédrale, une femme, toute alarmée, me dit de « cacher ma caméra car je peux me faire voler »! Paranoïa quand tu nous tiens…Pourtant, jamais nous ne nous sommes sentis en danger nulle part depuis que nous sommes en Argentine. Mythe ou réalité, nous restons prudents évidemment. 
Après cette agréable pause, il faut reprendre la route et cette-fois, le vent joue avec nos nerfs le reste de la journée. D’abord favorable, il souffle ensuite de côté, de plus en plus fort. Puis enfin, on le sent qui nous pousse dans le dos pendant un bon moment, avant qu’il ne décide de carrément nous freiner, avec de sérieuses rafales de face, au moment où nous approchons de Malargüe. De quoi rendre tout cyclo-voyageur fou! 
Ou du moins, nous faire sentir que les jambes ont encore besoin d’une petite pause…Nous resterons donc à Malargüe 2 nuits car la prochaine étape s’annonce difficile: chemin de gravier, villages très éparpillés, approvisionnement rare…Encore de beaux défis devant nous quoi!

À suivre…




3 novembre 2014

Newsletter # 12, Chilecito à Mendoza

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Fous, inconscients, téméraires, masochistes…ou courageux, braves, déterminés, intrépides? 
À vous de répondre après avoir lu. 
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Nous quittons Chilecito sous un soleil de plomb et le mercure ne cesse de grimper. Les premiers 20 kilomètres, la route descend légèrement mais arrivés à Nanogasta, la montée commence sérieusement. Nous sommes au pied de la fameuse Cuesta de Miranda, une section de la Ruta Nacional 40 qui traverse des montagnes d’un rouge flamboyant. La température frôle les 44 degrés et c’est avec la sensation d’être des steaks sur un barbecue que nous 

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poussons sur les pédales pour gravir cette fameuse Cuesta! De plus, la route est en construction et certains tronçons sont en gros gravier,  terriblement abrupts, ce qui nous oblige à pousser nos montures à 2 ou 3 reprises. Du sport, comme on dit! Mais le spectacle vaut l’effort et on se demande si le créateur n’a pas échappé un pot de peinture rouge en façonnant ces montagnes. Arrivés au sommet, nous sommes épuisés. Pas question de rouler encore longtemps, on se laisse donc descendre jusqu’à trouver un site idéal pour un bivouac. Miracle! Nous apercevons un chemin qui mène à un bouquet d’arbres et de cactus au bord d’un « rio »…à sec! Ça se révèle tout de même un endroit parfait pour monter le camp. Seul bémol: le temps reste terriblement chaud, même la nuit! Ça nous rappelle nos pire nuits dans Death Valley l’an dernier…

Le lendemain, encore un peu fatigués de notre exploit de la veille, nous parvenons quand même à franchir au moins 100 km, à travers une zone désertique, très légèrement vallonnée. Peu à voir, et nous trouvons que c’est long longtemps comme dit l’expression…Ce soir-là, pour un repos bien mérité, nous optons pour le petit hôtel…avec air climatisé! Que ça dort bien! 

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Les températures semblent décidées à rester dans la zone extrême, car c’est encore sous une chaleur torride que nous commençons la journée du lendemain. Après, encore un fois, une longue section plutôt monotone, nous voilà, en milieu d’après-midi, au pied de la Cuesta de Huaco. Vous avez tout compris, Cuesta veut dire côte et celle-là en est tout une! Des gradients à faire frémir nos mollets pourtant pas mal endurcis. On s’y attaque, déterminés à arriver à un lac de l’autre côté, où nous espérons camper après une belle baignade. De nouveau, les paysages nous en mettent plein la vue pendant la montée, mais c’est au prix de plusieurs litres de sueur que nous parvenons à franchir ce col pourtant pas si élevé. Avec la chaleur, nous avons l’impression de grimper à haute altitude! Déception pourtant de l’autre côté: le fameux lac est en fait créé par une digue et il est presqu’à sec. Nous ne trouvons pas d’endroit intéressant pour le bivouac et il reste environ 15 km pour arriver à la petite ville de San José de Jachal…Aussi bien s’y rendre, car nous sommes à court d’eau et on RÊVE d'une boisson bien froide après avoir bu autant d’eau chaude! Ce sera « les plus longs 15 km de notre vie » dit Charles…et Denise ajoute: « ça a pas d’allure »!!! Mais nous y arrivons, et c’est encore une fois le petit hôtel à l’air climatisé qui gagne ce soir, après 110 kilomètres! D’un commun accord, sans aucune hésitation, nous décidons de nous accorder un jour de repos! Mendoza devra nous attendre encore un peu.

San José de Jachal se révèle bien agréable pour le farniente et nous passons une partie de nos soirées assis sur un banc de la Plaza…à attendre que les restos ouvrent vers 21 hres. Le temps est doux et nous en profitons pour observer la vie quotidienne des Argentins. S’ils conduisaient aussi lentement qu’ils vivent, nous serions pas mal plus en sécurité sur les routes! En effet, le conducteur argentin moyen conduit à 3 vitesses différentes: vite, très vite ou extrêmement vite!  

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Bien reposés, c’est avec un bon vent de face que nous reprenons la route. Rien de bien excitant à voir le long de ce segment de la Ruta 40, si bien que nous regrettons un brin ne pas avoir pris la route des montagnes…Ce soir-là, c’est derrière un bâtiment abandonné par la compagnie ferroviaire que nous dressons notre camp. Tout va bien jusqu’à 3 heures du matin où un vent violent nous réveille, ébranlant la tente à tel point que Charles doit sortir à 3 reprises pour replanter les piquets! De plus, la fermeture éclair extérieure de la tente nous lâche! Au matin, nous trouvons tous nos sacs sous une bonne couche de sable. Pour couronner le tout, il y a une crevaison sur le vélo de Denise (ah! les maudits épineux!), et en réparant, Charles brise l’essieu (fiou! on en a un de rechange!). Ah! la vie de cyclo-voyageurs n’est pas toujours de tout repos…

Le vent ne nous lâche pas de la journée et nous parvenons à San Juan, épuisés. Il faut réparer la tente, c’est donc dans un petit hôtel que nous stoppons pour mieux récupérer de nos petites misères. Nous parvenons à remplacer le chariot de la fermeture éclair sans trop de peine, puis, belle consolation ce soir-là, nous trouvons un excellent resto où nous nous offrons un délicieux souper arrosé d’un excellent vin! Comme quoi, tout ne va pas si mal que ça.

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Nous partons en forme, toujours en direction de Mendoza. Cette fois, en plus de la monotonie de la route et du vent de face persistant, nous sommes confrontés à la circulation intense sur ce tronçon de la Ruta 40. Nous aurons droit à tous les comportements dangereux du conducteur argentin. Stressant comme tout. Au bout d’une première journée, nous faisons bivouac dans un bosquet d’épineux, bien calme heureusement, mais au matin, désagréable surprise: un des matelas est percé! Décidément, l’Amérique du Sud fait la vie dure à notre équipement. Autre surprise: la température a chuté à 11 degrés, si bien que c’est vêtus comme sur l’Altiplano que nous poursuivons la route, sous un ciel plombé, et toujours avec notre fidèle vent de face.

L’arrivée à Mendoza, après 99 km épuisants, se passe plutôt bien heureusement, surtout que c’est dimanche, donc les rues sont calmes à la différence des grandes routes. La ville nous parait bien agréable avec ses grandes avenues bordées d’arbres. Nous resterons donc ici au moins 3 jours, pour reposer les jambes, réparer l’équipement, profiter de bons restaurants, magasiner…

Nous passons d’abord presqu’une journée à nous informer pour prendre un bus: quel casse-tête avec les vélos! Une compagnie ne veut carrément pas les prendre et il faudrait les envoyer par « encomiendas » dans un autre bus à grands frais. Une autre exige qu’ils soient démontés et en boîte! Comment faire simple quand on peut faire compliqué! De plus, l’itinéraire se révèle très long et il faudrait passer au moins 20 heures sinon plus dans un autobus. Rien pour réjouir des amateurs de grand air comme nous…Après réflexion et analyse du trajet, nous décidons de relever le défi des milliers de kilomètres à vélo! Après tout, nous avons du temps devant nous et ce qu’on aime par dessus tout, malgré les difficultés rencontrées, c’est pédaler librement.
En route pour la région des Lacs!
À suivre…

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