12 février 2015

Newsletter # 19- Carretera Austral (2e partie, suite et fin)

Et voilà! Terminée, done, hecho! Nous venons de compléter le dernier tronçon de la fameuse Carretera Austral. Nous sommes maintenant à Puerto Montt, la ville qui marque la fin (ou le début, c’est selon) de cette célèbre route qui joint le Chili du nord plus habité, aux régions isolées du sud. 

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Pour nous, en chiffres, ça se résume ainsi: de El Chalten (Argentine) à Puerto Montt: 35 jours de vélo sur 1 348 km dont au moins 1000 en gravier avec plusieurs zones en gros travaux de construction, 17,000 mètres de dénivelé positif, 6 traversiers, 7 jours de pluie, 12 jours de nuages, 17 jours de soleil!

C’est aussi toute une gamme d’émotions, d’un extrême à l’autre! 

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Ravissement face aux paysages époustouflants quand le soleil brille, déprime quand la pluie et la brume persistent occultant une partie des beaux panoramas. C’est passer de l’inconfort brutal d’une surface de ripio à la douceur du bitume. On peut aussi un soir camper au soleil avec un temps doux, pour se retrouver le lendemain sous la pluie et un mercure sous la barre des 5 degrés! C’est pédaler dans un calme extraordinaire à travers un des superbes parcs naturels que traverse la Carretera pour le lendemain se retrouver dans un embouteillage d’énormes camions enveloppés d’une poussière étouffante, dans une zone en construction. C’est dormir paisiblement en bivouac au bord d’une rivière et un autre jour, se faire réveiller par des fêtards en camping ou des chiens errants dans les villes qui jappent toute la nuit, quand ce ne sont pas les coqs qui s’en mêlent! Notre aventure sur la Carretera n’a pas été de tout repos, mais nous en garderons des souvenirs indélébiles, foi de cyclistes qui en ont pédalé (ou poussé!) chaque kilomètre! 

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Nous avons aussi rencontré des centaines d’autres cyclistes, de tous les âges, de partout à travers le monde, de tous les styles, des pressés, des lents et contemplatifs, des peu chargés, d’autres comme nous, avec beaucoup de bagages, des cyclistes avec toutes sortes de vélos, du plus hi-tech au plus broche à foin en passant par les vélos couchés ou les tandems. Tout ce beau monde se lance avec enthousiasme sur cette route, pour tout le trajet ou une partie. Il est toujours intéressant d’échanger avec ces autres aventuriers, histoire de comparer notre vécu, surtout quand ce sont des couples comme nous, ou tout simplement pour partager certaines informations sur la route. Nous avons le sentiment d’appartenir à une communauté de voyageurs bien particuliers qui s’entraident. Surtout, ça nous rassure de constater que nous sommes loin d’être les seuls fous à se lancer dans ce genre d’aventure!

Après Coyhaique à peu près à mi-chemin, certaines étapes nous ont particulièrement marqué. 

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Entre autres, nous avons apprécié notre arrêt au camping du Ventisquero Colgante, dans le parc Queulat, un immense territoire de montagnes serties de glacier et tapissées de denses forêts. Toutefois, à notre arrivée au camping, vers 19 heures, on nous a d’abord dit qu’il n’y avait plus de place. Pas question de repartir car il n’y a rien autour et la densité de la forêt décourage le bivouac! Aguerris que nous sommes, nous insistons, car il y a toujours moyen de trouver une solution. L’argument « nous sommes des cyclistes fatigués » a convaincu le garde-parc et on nous a permis de nous installer sur un site de groupe avec un grand quincho (kiosque). Comble de chance ce soir-là, personne n’est venu! Ce fut donc une soirée très calme et c’est au son des cascades et du rio Colgante tout près, que nous nous sommes endormis. Le lendemain, il faut prendre le temps d’aller admirer le fameux glacier suspendu à partir du mirador. Spectaculaire!

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Nous avons aussi bien apprécié notre séjour à Puyuhuapi, joli village lové au pied de montagnes, avec plage donnant sur le canal du même nom se jetant directement dans le Pacifique. La montée pour en sortir fut toutefois ardue, suivie par une longue zone de travaux où il a fallu zigzaguer à travers des dizaines de gros camions. En plus de jouer sur les nerfs, ça nous gâche le paysage, sans parler de l’état de la chaussée qui demande des réflexes bien aiguisés pour éviter les plus grosses roches ou les énormes nids-de-poule. Une vraie course à obstacles dont nous sommes sortis noir de poussière!

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Il y a aussi le passage dans le parc Pumalin qui nous a particulièrement impressionné. Situé au nord de la petite ville de Chaiten, ce parc vient tout juste de réouvrir en 2011. On peut encore y voir les ravages dûs à l’éruption du volcan Chaiten en 2008. Inactif pendant 450 ans, ce volcan s’est soudainement réveillé, forçant l’évacuation de la petite ville du même nom. Aujourd’hui, il est surveillé de près et nous avons pu camper à sa base, admirant son sommet qui fume encore. Un endroit surréel!

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Nous n’oublierons pas de sitôt cette journée où nous avons pédalé sous la pluie, sur une route boueuse aux montées raides, jusqu’à Caleta Gonzalo. Arrivés là-bas, il est trop tard pour le bateau et il n’y a qu’un camping comme option d’hébergement. Nous nous réfugions donc dans le restaurant près du quai pour nous sécher un peu devant le feu de foyer. Devant notre air misérable, la proprio nous offre de sécher nos vêtements dans une sécheuse. Nous profitons ensuite d’une éclaircie de courte durée pour monter la tente au camping. Le lendemain, c’est sous une pluie fine encore, que nous décampons pour aller prendre le premier bateau de la journée à 10h30. Après une traversée de 45 minutes, il nous faut pédaler 10 kilomètres sur une route de fin gravier (facile pour une fois!) pour rejoindre l’autre quai où nous embarquerons pour la traversée de 4 heures jusqu’à Hornopiren. Un timide soleil nous permet de sécher les équipements en attendant le bateau et finalement nous débarquons à Hornopiren vers 18h30. Ce soir-là, pas question de camper car le temps est redevenu incertain. Nous logeons donc dans une modeste hospedaje et nous profitons d’une Costumbrista (festival gastronomique) pour goûter à quelques spécialités locales. Faut bien se gâter de temps en temps!

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Nos derniers jours sur la Carretera Austral se passeront malheureusement sous les nuages, si ce n’est sous la pluie. De Hornopiren à Contao, nous grimpons solide, d’abord sur une route en construction, puis enfin, sur l’asphalte, avant de redescendre vers la mer où un brouillard poisseux nous enveloppe. Nous sommes vite complètement trempés, frigorifiés par le vent qui se lève. Charles qui est pourtant le plus résistant des deux décide tout à coup que c’en est assez! Denise ne se le fait pas dire deux fois, c’est oui, on s’arrête! Une hosteria restaurante nous sert de refuge et nous décidons d’y passer la nuit bien à l’abri de la pluie et du froid. Urban, un cycliste allemand rencontré plus tôt, se joint à nous, lui aussi fortement éprouvé par ce temps maussade.

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Le lendemain, toujours sous un couvert de nuages mais au moins sans pluie, nous rejoignons finalement Puerto Montt, après avoir pris un dernier traversier et pédalé sur du bitume, tout en douceur. Quand nous croisons des cyclistes enthousiastes avec des vélos tout propres, qui commencent à peine le trajet, nous éprouvons un sentiment de joie intense en pensant que nous, on l’a enfin terminée cette route mythique. En témoignent nos vélos grinçants et recouverts de boue! Nous ressentons une intense satisfaction d’avoir réussi à franchir tous les obstacles et surmonté toutes les difficultés. Nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à tous ceux qui entreprennent cette fantastique équipée.

Maintenant installés dans une sympathique hospedaje, nous prenons une semaine de congé bien mérité. Il faut refaire les forces et les vélos eux, ont bien besoin d’une révision complète. Il faut aussi planifier la suite. 

Irons-nous vers le Pacifique ou vers les montagnes? Il y a toute la région des lacs et des volcans à voir aussi…Bien des décisions à prendre. Ce qui est sûr, c’est que nous espérons bien pédaler pour un temps sur du bitume, car pour le moment, la « garnotte », on en a ras-le-bol! 

À suivre…

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