26 novembre 2014

Newsletter # 14 - Malargüe à San Martin De Los Andes

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Quand on planifie un voyage de cette ampleur, on se prépare des mois à l’avance en lisant plusieurs blogues et récits de voyages qui nous servent d’inspiration. Évidemment, chacun raconte à sa façon les mille et une péripéties d’une telle aventure donnant ses impressions de telle ville, telle route, ou son avis sur les gens du pays, les coutumes, etc. Un tas de facteurs peuvent influencer la perception que l’on a des choses: nos goûts personnels, notre humeur du moment, la saison où l’on voyage, le temps qu’il fait, les rencontres agréables ou pas. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas se fier aveuglément aux récits des autres pour choisir une route ou une destination plutôt qu’une autre, et surtout, ne pas juger sur les impressions de seulement quelques personnes! En effet, si nous avions écouté les avis de certains, nous aurions carrément évité la Ruta 40 après Cafayate. Pourtant, maintenant que nous avons parcourus plus de 2 000 kilomètres sur cette route, nous pouvons vous donner NOS impressions: fantastique, tout simplement! 

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Le segment à partir de Malargüe jusqu’à Chos Malal ne fait que confirmer notre plaisir. En effet, nous y avons traversé la Payunie, une région où se dressent plus de 800 cônes volcaniques, ce qui en fait la plus grande concentration de volcans au monde, rien de moins! (Pour plus de détails scientifiques, voir http://www.volcansdumonde.com/article-payunia-71814898.html)
De Malargüe, la route monte progressivement, parfois en lacets, avec vue à couper le souffle, puis ça ondule entre les volcans, les champs de lave et les plaines parsemées de débris volcaniques. Fascinant! 

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De plus, le bitume en parfait état nous ravit. Quel plaisir de rouler en douceur! Mais à l’arrivée à Bardas Blancas après une journée parfaite, voilà que nous apprenons qu’il y a un segment de la route en gravier sur à peu près 30 km, nous dit-on, donc on peut s’attendre à des conditions difficiles…On verra bien. Nous dormons dans un camping rudimentaire, où on nous suggère d’installer la tente sous un toit, car des nuages noirs s’accumulent et le vent s’est levé. Mais juste à côté, il y a les énormes barbecues qu’utilisent les Argentins pour cuire leur viande…et vers 20h30, un groupe d’hommes décident de préparer leur « cena » du soir, des grillades de chèvre! Nous étions sur le point d’aller au dodo! Charles leur explique notre situation et bien gentiment, ils font attention de ne pas faire trop de bruit. Ils quittent vers 22 hres…puis ce sont les coqs à quelques mètres de nous qui troublent notre nuit à partir de 4 hres! Mais un des signes démontrant que nous nous adaptons à l’Amérique du Sud, c’est que nous arrivons à nous rendormir après chaque chant de coq! 

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Le lendemain, nous atteignons finalement le segment non asphalté et en effet, ce ne sera pas facile: gros gravier, roches, sable et poussière sont au menu! Nous devons inspirer la pitié car un camionneur s’arrête et nous offre 2 grosses bouteilles de jus froid. Il voudrait bien nous embarquer dit-il, mais il n’a plus de place dans son énorme camion. Nous parvenons finalement à franchir les premiers 18 km en nous faisant brasser la carcasse pas à peu près, puis au moment où nous décidons de chercher un bivouac, une camionnette stoppe et le chauffeur, un des travailleurs de la route, nous dit d’être prudents car un convoi de camions à chargement large va passer d’ici une heure. Il nous apprend aussi qu’en fait, il nous reste non pas 12 km mais 22 km de gravier devant nous, puis il repart. Notre air dépité a dû lui inspirer la pitié car après une centaine de mètres, le voilà qui recule et nous offre de nous embarquer pour nous amener au début de l’asphalte! Notre réponse a été un « Si! Si! » parfaitement synchronisé! En deux temps trois mouvements, nous sommes à bord. Cependant Patricio, notre bon Samaritain, roule à un train d’enfer. Denise assise derrière, jette un oeil inquiet sur les
vélos et les sacoches qui se font brasser dans la boite arrière. Notre homme prend plaisir à nous donner plein de détails sur la région, tout ça en faisant de grands gestes et en regardant partout, sauf la route en avant! En à peine 15 minutes, nous voilà rendus 22 km plus loin, où l’asphalte réapparait. Ouf! Ça nous aurait pris au moins 3 heures sinon plus pour franchir cette zone…Nous pédalons quelques kilomètres de plus sur le bitume avant d’apercevoir un lac magnifique, la Laguna Nueva,  avec vue saisissante sur un volcan, le Payun. Pour couronner le tout, nous trouvons un endroit parfait pour bivouaquer. Certaines journées difficiles se terminent plutôt bien.

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Nous roulons ensuite deux autres jours, sous une chaleur intense, toujours dans des paysages volcaniques à couper le souffle, avant de rejoindre Chos Malal où nous décidons de prendre un jour de repos. Les jambes ont été mises à rude épreuve encore une fois, car les pentes étaient nombreuses et longues! De notre séjour à Chos Malal, nous retenons surtout la difficulté à trouver des restaurants ouverts! Nous sommes là un dimanche et on dirait que toute vie s’est arrêtée et que tout le monde a pris congé. Le seul endroit où trouver de la bouffe préparée est une station service. On est loin de la gastronomie, mais il faut bien manger. Cette adaptation aux us et coutumes des Argentins n’est pas complètement faite, avouons-le. Un estomac de cycliste, ça aime avoir accès à la nourriture en tout temps et faire des provisions n’est pas facile avec les heures d’ouverture aléatoires des commerces.  

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Nous reprenons la route 40 sous un soleil radieux, la jambe bien reposée, pour une autre journée parfaite, du moins jusqu'à ce que le vent se mette à souffler d’aplomb fin d’après-midi. Tant pis, nous nous arrêtons et pensons bivouaquer près d’un rio asséché sous de gros arbres, mais le vent s’amplifie et impossible de planter la tente  à cet endroit sans risquer d’être emportés! Pas très loin, il y a des maisons en ruines où nous nous mettons à l’abri pour cuisiner notre souper. Juste à côté, nous voyons des bâtiments ressemblant à une école, mais tout est clôturé et cadenassé. Nous y voyons une possibilité de campement à l’abri du vent mais nous hésitons à franchir la clôture, jusqu’à ce qu’une auto s’arrête et le gars qui en descend nous salue. Et hasard des hasards, il travaille pour cette école d’horticulture (eh! oui! c’était bien une école!). Il nous dit qu’il n’y a pas de problème à ce que nous campions sur le terrain derrière les bâtiments, bien à l’abri du vent. Et voilà! C’est réglé! Nous passerons une excellente nuit au calme, et à 6 heures, nous retournons préparer le déjeuner dans notre vieille maison abandonnée avant de repartir tout contents.

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Le plaisir va devenir peu à peu souffrance à mesure qu’Éole se déchaine. En effet, nous venons d’entrer en Patagonie. Cette région mythique est célèbre pour la force de ses vents. Ce sera notre baptême aujourd’hui! Nous nous relayons tant bien que mal pour avancer, comme des tortues, grugeant les kilomètres peu à peu. Le vent nous pousse de côté, brutalement, en rafales imprévisibles, nous jetant parfois carrément sur la route. Heureusement qu’il n’y a pas trop de circulation car c’est dangereux. Nous parvenons de peine et de misère à Las Lajas où nous trouvons un camping agréable, en espérant que le vent se calme. Nous y sommes seuls, car la saison commence à peine. Quand Denise a finalement réussi à préparer son omelette, assaisonnée d’un peu de poussière, la jeune fille du camping vient nous offrir de nous mettre à l’abri dans le bâtiment à l’entrée. Il aurait fallu nous le dire avant! Mais l’omelette était délicieuse, dit Charles. (crounche! crounche!) 


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Nous aurons finalement eu un peu de répit pendant la nuit, si bien que nous repartons en forme pour affronter les montées qui nous attendent. Nous avons décidé de laisser un temps la Ruta 40 pour nous rapprocher des montagnes à l’ouest en direction du Chili avant de redescendre au sud vers la région des lacs. Les premiers 50 kilomètres montent lentement mais sûrement, avec parfois des gradients à 7 ou 8 %, tout ça avec un vent de face certes un peu moins fort que la veille, mais tout de même, ça vient vous chercher l’énergie c’est pas long! Si bien qu’après 47 km, quand nous apercevons un endroit parfait pour un bivouac en bordure d’une forêt d’araucarias, c’est vite décidé, c’est là que nous passerons la nuit. Le paysage a changé de façon spectaculaire à mesure que nous sommes montés. De grands conifères (les araucarias) aux allures d’arbres préhistoriques se dressent sur des falaises vertigineuses et les sommets enneigés nous entourent. Le vert est devenu la couleur dominante et des rivières cascadantes coulent au fond des vallées. Nous sommes ravis du changement de décor!

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Le lendemain, toutefois, un autre changement drastique beaucoup moins agréable nous surprend: la température a chuté à 3 degrés. Denise la frileuse du couple, grelotte en prenant son café. La vie sur la route a ses hauts et ses bas, c’est le cas de le dire! Changement de vêtements donc: on ressort les pantalons et les blousons pour affronter le petit vent andin glacial qui va nous souffler au visage toute la journée. Pour ajouter au niveau de difficulté, nous empruntons maintenant une route de montagne en gravier, parfois sablonneuse, souvent bosselée de cailloux, mais point positif au moins, ça descend plus que ça monte! La beauté du paysage nous récompense toutefois de l’effort fourni, encore une fois.

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En fin de journée, nous arrivons à l’intersection de la route vers Villa Pehuania. Nous décidons de nous y rendre, même si cela représente un petit détour de 22 km aller-retour, car des nuages menaçants se sont amoncelés dans le ciel et nous espérons louer une petite « cabana » pour la journée de congé prévue.  Excellente décision, car le village est absolument superbe, lové au bord du lac Alumine, et le lendemain, c’est le bruit de la pluie tambourinant sur le toit qui nous réveille.


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Quand nous repartons de Villa Pehuania, le beau temps est revenu mais pas la chaleur. La route non asphaltée nous met à l’épreuve encore une fois, sur une vingtaine de kilomètres, caillouteuse, planche-à-laver, sablonneuse, la totale quoi! Nous retrouvons le bitume quelques kilomètres avant Alumine où nous stoppons pour un petit remontant (lire café et pâtisserie). En entrant dans le village, Denise fait une chute spectaculaire avec son vélo, en montant une petite pente raide en gravier. Charles dit l’avoir vu partir comme au ralenti, les 4 fers en l’air! Denise se relève, un peu secouée mais sans blessure apparente, seulement quelques bleus de plus et une petite blessure à l’orgueil, peut-être…


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Notre collation hautement calorique sera vite dépensée car la route redevient piste caillouteuse et poussiéreuse par bouts, alternant avec un peu d’asphalte, avec montées et descentes, tout ça à travers des paysages encore une fois superbes, heureusement. Ce soir, c’est au bord de la route près d’une rivière bordée de gros massifs de lupins que nous dressons la tente. Cette nuit-là, les quelques conducteurs qui sont passé ont sûrement entendu des ronflements bizarres venant de notre bivouac!

Le lendemain, c’est 73 kilomètres de route de montagne en gravier qui nous attend. En effet, nous grimpons en longs lacets, vent dans le dos, puis vent de face, pendant ce qui nous parait une éternité. Évidemment, le vent s’amplifie à mesure que la journée avance (n’oubliez pas, nous sommes maintenant en Patagonie!) Tout à coup, sans crier gare, le ciel se met à nous cracher au visage une petite pluie froide et cinglante, nous laissant à peine le temps de revêtir nos impers. Comme si ce n’était pas assez difficile comme ça! Haut les coeurs, il faut aller puiser bien loin pour trouver l’énergie de continuer malgré les éléments déchainés!


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Finalement, les nuages s’estompent en fin de journée mais pas le vent. Denise grelotte et commence à rêver à un bon petit coin douillet où pouvoir dormir au chaud, mais nous sommes au milieu de nulle part. Nous continuons à descendre jusqu’à une rivière car il nous faut de l’eau pour le bivouac. Tout à coup, petit miracle pour cyclistes fatigués, nous apercevons des gens sous des arbres près de l’eau, qui nous font signe. C’est une famille de pêcheurs qui s’apprêtent à quitter les lieux et ils nous invitent à nous réchauffer auprès du feu de camp qu’ils ont allumé! Pas besoin de vous dire qu’on a dit oui! Avant de partir, le chef de famille brise plusieurs branches et nous approvisionne généreusement en bois pour la soirée. Le bonheur!

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Nous avons pédalé une autre journée ardue, face au vent patagonien, avant d’arriver ici à San Martin de los Andes où nous prenons des vacances du vélo pour quelques jours, dans une confortable petite « cabana ». Au menu: les tâches habituelles, un peu de tourisme car le village est charmant, et surtout, du repos! 

La suite promet encore de belles aventures dans des décors qu’on dit « de carte postale », car nous roulerons sur la Ruta de Siete Lagos (la route des Sept Lacs). À venir: camping, route de gravier (eh! oui! encore!) alternant avec le bitume, lacs et montagnes, sur une centaine de kilomètres!

À suivre…

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2 commentaires:

  1. Vous avez bien du courage d'affronter les vents de Patagonie cependant quand les paysages sont magnifiques il est vrai qu'on est prêt à faire des efforts... Ici nous avons découvert le vent néo-zélandais également mais dans une moindre mesure. Votre cabana a Villa Pehuania avait l'air class !!! Et une fois encore vos photos sont superbes, nous voyageons avec vous en vous lisant.Couvrez vous bien pour affronter le froid et le vent et à bientôt pour la suite des aventures....

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    1. Le cabanas à villa Pehunia, un vrai palace! Nous venons de passer deux jours à San Carlos de Bariloche, la capitale Mondale auto proclamée du chocolat! Nous partons ce matin en direction de ElBolson. Nous pensons être à Puerto Natales dans le temps des fêtes. Bon vélo en Nouvelle Zélande! Ah oui, Moosie fait encore des bêtise!

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